Le silence. C’est quelque chose qui m’apaise énormément. Mes moments de solitude se font rare et parfois, ça m’est bien difficile de faire face. Jouer un rôle, être quelqu’un qui ne me ressemble pas. Ca me dégoûte. M’observer dans le miroir, m’entendre dire des idioties, être mielleux avec tout le monde … J’aimerai que cela cesse. Mais je ne peux pas, je me dois d’être ainsi et de garder mes petits plaisirs malsains de côté.  Bien sûr, cela ne m’empêche pas d’exercer des moyens de pressions, de manipuler et d’abuser. Bien sûr qu’être vil et cruel me manque, bien sûr que torturer me manque. Parfois cela me démange. Parfois j’ai envie de saisir ma baguette et de lancer ce sort que l’on dit « impardonnable ». Mais je dois me résigner et garder mon calme. Et Merlin seul sait à quel point je ne suis pas calme et surtout pas patient. Je ne suis rien de tout ce que je montre au monde. Je ne suis pas tout ça. Tout est faux. Mais je dois être cet homme si bon, si sociable, si généreux. Je dois être accueillant et souriant. Je dois montrer que je souhaite aider mon prochain et faire de ce monde, un monde meilleur. Penses-tu. Qu’est-ce que j’en ai à faire ? Ce monde n’est pas le mien. Ce monde respire trop la joie de vivre, la gaieté, tous ces sentiments positifs qui me donnent la gerbe. Ca me répugne. Sentir cette douceur me caresser chaque jour, embrasser mes tympans, me détruire les rétines.  Je me sens sale. Toute cette gaieté me répugne. Je me sentirais presque violé. Que dis-je, je me sens violé.

Depuis que Vox a fait son apparition, depuis la disparition de cet élève … l’atmosphère de paix règne un peu moins. On sent tout de même la peur s’émaner de chaque personne se trouvant ici.  On peut lire la crainte dans leur prunelle, on peut entendre leur chuchotement inquiet et curieux. Quelque chose a changé, et sachez que c’est bien loin de me déplaire. Est-ce une opportunité ? Pourrais-je enfin retirer ce masque ? Pourrais-je enfin être moi-même ? Je ne jure que par le mal, et croyez-moi, le personnage que j’expose chaque jour aux yeux de tous est un très lourd fardeau pour moi. Tout ce que je souhaite, c’est faire du mal. Je veux entendre des cris de supplice, de désespoir. Des cris de douleur et de souffrance extrême. Je veux goûter à ce liquide rouge visqueux au goût métallique. Je veux le voir couler sur le sol, s’échapper du corps frêle d’une personne au bord de la mort. J’ai envie que ce liquide recolore les murs et les rendent encore plus abominables. J’ai envie qu’une boule se forme dans votre estomac ainsi que dans votre gorge. J’ai envie d’entendre votre rythme cardiaque s’accélérer, entendre ce souffle si irrégulier que la peur crée.  Je sens toutes vos émotions négatives. Je sens lorsque vous avez peur,  lorsque vous êtes inquiet, lorsque vous êtes triste. Je sens votre douleur, votre terreur. Rien ne m’échappe, surtout pas vous.

Je suis allongé sur mon lit, fixant le plafond. Et rien que ces pensées me délivrent des frissons d’un autre monde.  Ca me manque. Ces années de tyrannies à Poudlard, ces moments passés à malmener les autres. Tout est différent maintenant. J’aurai aimé faire parti de ces années de guerre, je sais pour qui j’aurai été. J’aurai voulu faire parti des partisans du Seigneur des Ténèbres. J’aurai aimé me battre aux côtés des autres partisans qui sont de grands sorciers. Malheureusement, je dois faire avec mon temps et tout ce que je peux faire aujourd’hui, c’est seulement imaginer et rêver.  

Il est tard, bien tard. Il doit être environ trois heures du matin et je m’avère être, pour une fois, sans blessé que ce soit léger ou non. Bonne nouvelle ? Ca aurait pu me laisser du répit, mais disons … que ce soir, je ne trouve pas le sommeil.  Cette situation me travaille, ce manque me ronge jusqu’à la moelle. Je vais devenir fou. Je  glisse mes doigts dans mes cheveux ondulés, que j’attache généralement afin qu’ils ne me gênent pas lorsque je travaille. Je pousse un profond soupire, cherchant une solution à mon problème … enfin que dis-je, mes problèmes. Je me redresse avant d’enfiler ma cape de sorcier, décidant de quitter ma chambre.

Je me dirige vers les cachots, un endroit que j’aimais énormément lorsque j’étais à Poudlard et où je passais quasiment tout mon temps, surtout le soir très tard, ou dans les catacombes. Etant un ancien Serpentard, ces lieux bien loin d’être des endroits lumineux me plaisaient. Je m’y sentais dans mon élément, chez moi. Des lieux froids et sombres où le silence y règne. Des lieux dont pas grand monde apprécient, et pourtant je ne les comprends pas. Ce sont des lieux où l’on s’y sent le plus tranquille, bien que pour le commun des mortels et sorciers, ils soient effrayants.  Je m’y dirige d’un pas décidé, mais à vitesse normale. J’ai du temps et mieux vaut rester sur ces gardes en ces jours étranges.

Je me promène dans les cachots, depuis environ deux minutes maintenant. Je m’assure que l’endroit est libre et que personne ne s’y promène. Je pousse un profond soupire. Le silence, la solitude. Ce que ça fait du bien. La nuit est un moment que j’apprécie beaucoup. Aucun bruit, aucun gosse qui ne crie ou ne se plaint. Aucun gosse qui court ou qui ricane. Personne. Juste moi. Je sors un paquet de cigarette de ma poche avant de sortir l’une d’elles, coinçant le mégot entre mes lèvres, prenant bien soin de ranger le paquet. J’allume ce bâton au goût amer mais qui calme mes nerfs et mes envies malsaines. Je tire longuement sur ma cigarette avant de recracher la fumée. Je murmure un « Nox » afin d’être dans la pénombre et que seul ma cigarette puisse m’éclairer. Me détendre, je ne peux le faire souvent et parfois je suis au bord de l’implosion. Je ne sais pas comment je peux combler ce manque mais en tout cas, ça commence à faire bien trop longtemps.

J’entends des bruits de pas, oh pas très proche mais ils se rapprochent et d’un pas hésitant. Je sens de l’inquiétude et de la méfiance. J’éteins rapidement mon anti-stress avant de le transformer en un papier de bonbons puis, je le mets dans ma poche. Je lance à nouveau un Lumos, tendant ma baguette face à moi, en direction des pas. « Qui va là ? »

©Pando