Ici là, que de murs, amas de pierres l'entourant toute entière. Si Poudlard a été rebâtie de toutes pièces depuis l'époque où elle n'était elle même qu'une modeste étudiante en ces lieux, rien n'a changé. Ni l'odeur poussiéreuse des tapisseries, ni les mouvements répétitifs des figures des tableaux. Dans ce petit monde refait à neuf, tout est à sa place, tel qu'elle l'a toujours connu, empreint d'un doux sentiment que de se retrouver de nouveau plongée au sein même de l'établissement où s'est parfaite son éducation. Ce mur-ci et ce mur-là, rien n'a bougé, rien ne semble avoir été modifié. Ici, elle s'adossait de longues heures à contempler le parc. Là, elle se cachait des regards curieux pour mieux s'abandonner à son plantureux Serdaigle. Pensée pour lui, rien qu'une seconde pour se demander ce qu'il a bien pu advenir de Kale après son vilain tour. Sourire, elle se moque bien de la réponse au fond car déjà, trop de choses en ces lieux l'anime. Tout y est plus trépidant, plus palpable. Plus aucun reflet de fantôme, un adolescent disparu et une voix prenant possession des habitants du château. Tant de mystères à résoudre qu'elle analyse précautionneusement. Là s'est toujours trouvé sa gloire. Au sein de cette école, l'échec ne l'a jamais caressé de ses sombres desseins alors, elle songe, la Glorieuse. Elle songe à tout ce que ce lieu millénaire va lui servir de nouveau, à tous les présents qu'il emballe soigneusement, en secret, pour son seul plaisir. Il faudra néanmoins comme toujours de la patience, de la retenue. Au ministère, déjà, les missives qu'on lui adresse presse l'ensemble des envoyés de mettre un frein, si ce n'est un terme, à cette déferlante incroyable de faits inexpliqués. Imbéciles. Venez donc ! Venez de vous-même et vous comprendrez pourquoi nul ici ne comprend déjà plus rien. Venez, entrez donc dans la danse, vous n'amasserez rien de plus que ce qu'elle a déjà soigneusement rapporté de ses échanges avec le corps enseignants, de ses observations générales. Jamais elle n'a permit à quiconque de la remettre en cause, cela ne commencera pas par la faute de quelques scribouillards incapables d'effectuer eux même la basse-besogne. Dire qu'il n'y avait pourtant pas si longtemps, elle déambulait au cœur même du Magenmagot, des affaires bien plus aiguisées dans les mains. Qu'importe, elle voit dans sa situation actuelle une chance de redorer plus encore son blason. A vaincre sans vertu, on triomphe sans gloire et l'honneur lui plaît bien mieux que les trophées. Pour l'heure, c'est à son bureau qu'elle se rend, à cette étage où l'on a aménagé pour les envoyé du ministère quelques locaux. L'heure tardive serait plus à même de la conduire aux bras de Morphée mais ce dernier, depuis quelques temps, la boude continuellement de sa présence. Peu importe, en vipère qu'elle est, sa silhouette glisse le long des couloirs, interpelle les regards curieux de quelques visages animés sous la peinture à l'huile qu'elle salue d'un signe de tête. Gracieuse et élégante Van Bethlem qui semble parfois bien aussi figée qu'eux. Certains ont-ils survécus aux destructions pour pouvoir se souvenir de l'étudiante qu'elle était autrefois ? Cette pensée seule la ravigote, lui rend un regain de bonne humeur dont elle ne semble jamais défaite. Cependant, se dessine désormais à ses yeux une silhouette au loin qui l'égaye plus encore. Deux épaules si droites, si larges, un port de tête fier portant l'expression sévère d'un homme dans toute la beauté de sa maturité. Professeur de mythes magiques, elle se pave dans l'idée qu'un jour, dans toute sa médisance, cet homme aura pour obligation de conter sa propre légende. Le face à face est désormais inéluctable, rien ne manquera de les faire se croiser. Un pas. Deux pas. Quelques uns de plus encore et déjà, voici l'Autrichienne déployant son sourire le plus enjôleur au professeur ne semblant pas si ravi qu'elle d'être tombée sur sa présence importune.

« James, quel hasard de te trouver debout à cette heure ! J'imagine qu'un professeur aussi sérieux que tu l'es devenu n'en fini jamais de surveiller nos chères têtes blondes, n'est-ce pas ?»

Soupire en guise de prélude à sa réponse dont elle ne se formalise pas. Le ténébreux ranime en elle des envies de conquête et leurs rares échanges depuis sa venue, toujours prompt à lui rappeler le mépris qu'elle semble lui inspirer n'en finit jamais de gorger son envie de l'avoir un jour sous sa coupe. D'une manière ou d'une autre.

« Je me rendais justement à mon bureau, veux-tu bien te joindre à moi ? En souvenir du bon vieux temps, après tout... Nous en avons passé du temps ensemble ici, toi et moi. »

Elle parle comme l'on s’adresserait à un ami, sait pourtant tout ce qu'il peut avoir de réticence à sa vue. Grand bien lui fasse, elle n'est pas femme à donner le choix. Posant une main bienveillante sur son épaule, son regard s'en vient le regarder par le dessous, signe de soumission autant que d'invitation à se montrer cordiale.

« S'il te plaît, cela me ferait vraiment plaisir. »

©Aloysia